L'albâtre
L'albâtre
Alors voilà je n’avais pas d’idées, vraiment rien. Le syndrome de la page blanche. Il y avait ce blanc, ce vide en face de moi, qui prenait toute la place. Je ne pouvais rien voir d’autre. Alors je me suis dit que j’allais partir de ça ; du blanc.
A partir de là, ça a commencé. Je me suis souvenu d’un tableau de Kamimir Malevich « Carré blanc sur fond blanc ». Et là, le blanc est devenu carré. Carré blanc.
Mon médium c’est la danse, le corps, du coup très vite est venu :
-Corps blanc sur fond blanc.
-Corps blanc sur carré blanc.
Donc mon corps blanc, je suis née comme ça, sur un carré blanc.
Alors j’ai commencé à chercher tous les blancs que je pouvais. Il y en a un paquet, j’ai trouvé :
-Neige
-Perle
-Nacre…
Mais ça ne me plaisait pas, alors j’ai continué à chercher et j’ai trouvé :
-L’albâtre !
Je me suis dit, oui c’est ça ; L’albâtre !
Pour deux raisons. L’albâtre, c’est un oiseau, un animal donc un corps. Blanc. Mais c’est aussi une pierre, du marbre froids, un carré. Blanc.
-Donc un corps d’animal sur un carré blanc.
Oui c’est ça.
A ce moment-là, j’ai commencé à voir le blanc partout autour de moi.
-Une fois, j’étais à la Migros, et je suis allée au rayon frais. Et, là-bas il y a de grands frigos blancs et froids, et dedans des carrés blancs, des barquettes blanches, et présentés dedans, poulet, cochon et bœuf en tranches.
-Des corps d’animaux sur des carrés blancs.
-Un corps d’animal mort sur un carré blanc.
Voilà ça y est, j’ai tous mes éléments :
-Blanc
-Carré
-Corps
-Mort
Il ne reste plus qu’à faire le lien entre tout ça…
Et là j’ai pensé au Japon, parce qu’ici la mort c’est noir, mais au Japon la mort c’est blanc. Et là-bas il y a une pratique artistique qui s’appelle le Butoh et les performeurs, souvent peints en blanc, travaillent sur un mouvement d’une lenteur si extrême qu’ils paressent immobiles.
-Alors je me suis dit oui c’est ça la mort blanche immobile.
En fait non la mort ce n’est pas immobile, elle se meut juste par d’autres forces que le vivant ; des forces blanches microscopiques.
Alors j’ai essayé d’être immobile. Et j’ai remarqué que ce qui m’empêchait d’être immobile c’est ma respiration. Alors j’ai arrêté de respirer, bon je n’ai pas encore réussi, mais j’y travaille.
-Donc voilà :
-Mon corps blanc, mort, immobile, en apnée, sur un carré blanc.
-L’albâtre
Chorégraphie et interprétation : Clara Delorme
Création Lumière : Léo Garcia
Accompagnement technique : Xavier Weissbrodt et Grégory Gaulis
Regard extérieur : Nicole Seiler
Photographes : Joséphine Pittet, Philippe Weissbrodt et Cynthia Ammann
Production : Cie Racine
Co-production : Théâtre Sévelin 36
Avec le soutien de
Ville de Lausanne - Direction de l'enfance, de la jeunesse et des quartiers
Création
Théâtre Sévelin 36, Lausanne
Le 12 septembre 2019
Dates :
24.11.2021 Tanz In Olten
03-04.02.2021 Swiss Dance Days - Kaserne, Basel
25.11.2020 Tanz In Olten
13-14.11.2020 Festival Emergentia - L'abri, Genève
19-21.06.2020 Oops Festival, Brighton (UK)
07-08.12.19 Festival Les Urbaines - Arsenic, Lausanne
12.10.19 Fête du Théâtre - Jouez les mécènes - Théâtre du Loup, Genève
12-13-14.09.19 Première - Les Quarts d'heure de Sévelin - Théâtre Sévelin 36, Lausanne




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